Né d'un père Iop et d'une mère Sram le 4 Javian 620, je passai ma plus tendre enfance dans la ville de Sufokia. Nous étions une famille très modeste et vivions essentiellement de la pêche. Dès mon plus jeune âge, j’assistais mon père en l’accompagnant lors de ses escapades maritimes. Rien n’était plus agréable que de passer du temps sur l’eau à tenter d’attraper ne fuse que la moindre petite truite. Je devins rapidement un bon pêcheur et me fit repérer par quelques matelots qui s’arrêtaient de temps à autres à la taverne de la ville. Les plus détestables voulurent m’embarquer sur leurs rafiots en proposant de grosses bourses de kamas aux miens, mais ceux-ci, ne m’auraient jamais vendu pour quel que bien que ce soit. Au fur et à mesure que le temps passait, je commençai à côtoyer de plus en plus de flibustiers et autres individus. Le goût pour ce mode de vie m'attira et, bien vite, j’aspirai à devenir un grand pirate. A l'âge de quinze ans, malgré l'interdiction de mes parents, je m'embarquai en tant que mousse sur le Woraps, le plus grand et le plus prestigieux bateau pirate de toute la province d'Amakna. Il était commandé par la capitaine Hawkins. Pirate de grande renommée et craint de tous ses confrères. Il avait à son actif, les plus lourds massacres et pillages de tous les temps. Ce n’était pas un homme bon mais il payait son équipage comme aucun autre pirate ne pouvait se le permettre, ce qui sollicita fortement mon départ à bord de cette merveille. Même si au début je ne pouvais m'en passer, mon quotidien s'avéra assez vite être trop routinier. Désireux de voyager à travers le monde, je tentai à plusieurs reprises de m'enfuir du navire. Par une nuit d’hiver, nous avions amarré sur une plage du continent et je vis là une occasion pour quitter les rangs de la piraterie. Pensant y être parvenu, je me fis surprendre par l'un d'eux qui lança directement l'alerte. Je fus alors jeté au cachot sans vivres durant plusieurs jours.
Un soir, quelque chose me parut étrange, le silence régnait sur le pont, les pirates qui d'habitudes fêtaient en soirée leur pillage de la journée, ne faisaient aucun bruit. La porte de la calle où j'étais retenu prisonnier s'entrouvrit doucement. Je distinguai une ombre qui s'avança à petits pas en ma direction. Cet étrange individu pointa le bout de son épée sur ma gorge et laissa passer un bref instant de blanc. Il me questionna ensuite :
- "Sais-tu piloter ce navire ?"
Le capitaine ne m'avais jamais laissé toucher à la barre, les seules notions de navigation que je détenais m'avaient été transmises par mon père lorsque je l'accompagnais pêcher fut un temps.
Je tentai alors ma chance :
- "Oui !" lui répondis-je d'un ton ferme mais qui laissait transparaître un soupçon d'inquiétude.
Il rangea son épée, ouvrit ma cellule et me demanda de le suivre sur le pont. Il n'y avait plus personne à bord du bateau mis à part nous deux. Je compris alors que cet homme avait massacré tout l'équipage et que la seule raison pour laquelle il m'avait épargné était qu'il ne savait pas diriger cet engin. Le pourquoi de cette exécution massive m’échappait encore mais ne voulant rien risquer qui puisse me mettre dans l’embarras, je lui demandai :
- "Où allons-nous ?"
- "Contente-toi de suivre mes instructions et ne pose pas de questions." Me rétorqua-t-il en regardant vers la poupe.
Il reprit :
- "Dirige-toi vers le Nord sans tarder. Les monstres sont particulièrement agressifs durant la nuit."
Il me tendit alors une boussole et je m'exécutai. Nous essuyâmes d’abord une petite tempête, puis, nous arrivâmes au large d'une terre qui m'était complètement inconnue. N'ayant jamais quitté ma Sufokia natale, je n'avais pas une grande connaissance du monde dans lequel je vivais. Après quelques heures passées à longer le bord de mer, nous finîmes par tomber sur un port. Nous accostâmes et allâmes à l'auberge la plus proche. L'étrange homme loua alors une chambre.
- "Repose-toi. A l'aube, je viendrai te chercher et nous partirons en direction de la cité d'Astrub. La route sera longue et tu auras besoin de forces pour la parcourir." Suite à cela, il se retira.
Au lever de soleil, il vint me chercher comme convenu. Nous mangeâmes trois délicieux pains d'Amakna chacun et nous prîmes la route. Contre toute attente, au lieu de nous en aller vers la fameuse cité, nous restâmes dans cette ville portuaire. Nous traversâmes un pont de plusieurs kilomètres et finîmes par arriver face à une sorte de grotte. Il me fit signe de patienter à l’extérieur. A son retour, il me glissa quelque chose en poche et me dit :
- "Il va y avoir du grabuge d’ici peu. Nous ferions mieux de partir au plus vite."
Nous marchions depuis plusieurs heures et malgré la nuit de sommeil que je venais de passée, la fatigue de l’avant veille se faisait encore ressentir.
- "Je suis exténué ! Je n’en peu plus. Faisons une petite pose, je vous en prie." lui demandais-je tout essoufflé.
Il me fixa un moment et me rétorqua :
- "Soit…, mais nous n’avons pas trop intérêt à traîner dans les parages."
Après avoir récupéré, nous reprîmes la route et tombâmes sur une enceinte gigantesque.
- "Ces murs abritent le château de la monarchie, la demeure du Roi Allister. Nous nous y introduirons une fois le soleil couché."
Nous empruntâmes un passage secret et avions fini dans une cellule. En deux coups de lame, il parvint à faire tomber quelques barreaux, ce qui nous permit de continuer. Nous arrivâmes face à notre but, seulement, une poignée de gardes se trouvait devant l’entrée.
- "Comment allons-nous pouvoir passer ?"
- "Ecoute attentivement ce que je vais te dire. Je veux que tu passes devant les gardes en courrant aussi vite que possible. Trouve-toi un endroit où te cacher et attends-moi y."
Je pris mon courage à deux mains et fis ce qu’il me demanda. Je réussis à éloigner les gardes, mais malheureusement, je me fis capturer par des miliciens qui faisaient une ronde non loin de là. Ne répondant à aucune de leurs questions, ils me jetèrent en prison.
Le lendemain, je surpris une discussion à travers la porte du cachot et entendis que le Roi s’était fait assassiné. Un peu plus tard dans la journée, le général de la Milice Allisterienne lui-même me fit passer un interrogatoire.
- "Dis-moi petit… Pourquoi as-tu attiré l’attention des gardes en essayant de fuir ensuite… ?"
Il haussa le ton.
- "Peut-être était-ce pour permettre à ce satané Razgan de pénétrer dans le château ?!"
- "Razgan… ?"
- "Qui est-ce ?" Repris-je.
- "Penses-tu réellement que je sois dupe ? Raconte-moi tout ou c’est l’échafaud qui t’attend !"
Je lui racontai donc toute l’histoire. Il paraissait étonné après chaque phrase que je lui communiquais.
- "Très bien. Tu es donc tombé dans le piège de ce vil mercenaire de Razgan… Par ailleurs, tu l’as assisté et es donc devenu son complice."
Il y eut un moment de répit.
- "Le prêtre viendra te voir demain matin."
- "Casus de Sufokia, je vous condamne à la potence !"
Cette phrase raisonna toute la nuit dans ma tête. Je m’étais fait tromper par un être malsain et j’allais me faire pendre par sa faute.
Au chant du coq, l’homme d’Eglise entra dans le cachot. (A suivre…)